71 blessés, 58 hospitalisés dont certains pour des fractures du nez ou des côtes. Les blessures peuvent paraître légères, mais tout le monde sait que l'on a sans doute évité le pire.
Depuis des mois, les usagers de la gare de l'est subissent les retards, les trains supprimés, le manque d'information, l'inconfort des voitures bondées.
Mais en ce matin du 5 avril 2007, c'est la confiance dans la sécurité qui est en cause. Et il y a des signes avant-coureurs qu'il ne faut pas traiter à la légère.
Comment, en effet, ne pas se poser de questions quand on connait le sous-investissement pratiqué depuis des décennies par l'Etat et la SNCF RFF dans l'entretien et le renouvellement du matériel roulant sur les lignes debanlieue, comme sur les voies et équipements.
Priorité au tout TGV, beaucoup plus rentable. La ligne à grande vitesse de l'Est bat des records. Pour les banlieusards, ce sont d'autres records : ceux des retards et de l'allongement des durées de trajet.
A la SNCF, la maintenance préventive n'est plus assurée. On supprime les trains parce que les portes ne ferment plus. On les fait rouler quand même lorsque les fenêtres sont bloquées ouvertes. On partage la pénurie : les rames à deux étages sont passées de la ligne de Meaux à celle de Provins. Les voyageurs s'entassent dans les "petits gris", trains en inox hors d'âge, mais ripolinés de frais pour faire un nouveau tour de piste. Les transports publics n'ont pas suivi l'urbanisation de notre département, faute d'investissements.
Autre signe que le service public est malade : l'information aux voyageurs. La communication autour de "Transilien" ne peut masquer la dégradation du service rendu. Ce matin encore, la SNCF distribuait des billets de retard en couleur, mais pour avoir des informations, elle invite à appeler le 0891 36 20 20, numéro surtaxé à 0,23 €/minute.
En transférant ses responsabilités au STIF (Syndicat des Transports d'Ile de France), l'Etat s'est désengagé en laissant à la région Ile de France l'ardoise du sous-investissement dans le matériel et les infrastructures. On paye aussi les réductions d'effectif à la SNCF : les visites préventives, l'entretien moins fréquents. Sur du matériel vétuste ou trop sollicité, ça a des conséquences.
Il faut décider tout de suite des nouveaux moyens financiers et humains pour réparer, gérer et développer le service public des transports en faisant participer plus les richesses créées dans la région grâce à ses travailleurs. Les grandes entreprises, les spéculateurs, les transporteurs routiers doivent mettre au pot. L'Etat, lui-même doit se réengager.
Nous proposons avec José Bové la mise en oeuvre d'un plan d'urgence pour les banlieues. Il passe par l'emploi, l'éducation, le logement et aussi par le développement des transports publics.
Le 6 avril 2007